La méthode « Hack and Leak » consiste à voler des données et des informations sensibles, à les manipuler parfois puis à les diffuser. Ces cyberattaques visent la démocratie et ses institutions dans le but d’orienter le débat public et de modifier le cours des événements mondiaux.
Le « Hack and Leak » est ce que l’on appelle une attaque hybride. ses opérations impliquent deux paradigmes : l’intrusion (accès non autorisé aux réseaux), tandis que le second se concentre sur la manipulation des médias et l’influence (utilisation des technologies numériques pour faire évoluer le débat public).
En 2016, un mois avant l’élection présidentielle américaine, les directeurs de la sécurité intérieure et du renseignement national ont publiquement accusé la Russie de s’ingérer dans le processus démocratique. Des comptes de messagerie du Parti démocrate ont été piratés puis publiés par WikiLeaks, avec l’intention initiale de nuire à Hillary Clinton et de saper la confiance dans l’élection et les institutions démocratiques.
La même méthode a été utilisée à nouveau en France l’année suivante, le 5 mai 2017, à la veille du second tour de l’élection présidentielle : l’affaire des » Macron Leaks « . Au total, 20 000 emails ont été publiés et mélangés à des faux, mais la manipulation est arrivée trop tard pour avoir un impact. La France n’accuse pas officiellement la Russie, mais les responsables du renseignement américain le font à demi-mot le 9 mai 2017, lors d’une audition au Congrès : « Nous avons pris connaissance d’activités russes dont nous avons parlé à nos homologues français, et nous avons partagé nos informations avec eux », déclare Michael Rogers, directeur de la NSA.
En fait, la cyberdiplomatie russe va de pair avec un comportement de plus en plus affirmé dans le cyberespace. De nombreux pays ont été la cible de cyberattaques russes, certaines destinées à saboter des infrastructures physiques (Géorgie, Estonie, Ukraine, Monténégro), d’autres à alimenter des campagnes d’information en période électorale ou de tensions diplomatiques avec la Russie (États-Unis, France, Royaume-Uni). Des organisations internationales ont également été visées, notamment l’Agence mondiale antidopage (AMA) et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).
En effet, les opérations de piratage et de fuite ont précipité des événements sismiques dans le monde de la politique !
La fuite de secrets ou d’informations confidentielles dans le domaine public occupe une place particulière dans ce monde divisé et frénétique. À une époque où la confiance en ligne est souvent mal placée, le terme « fuite » est un marqueur d’authenticité, intimant une vérité non médiatisée et déséquilibrant ses cibles.
Cela dit, les médias numériques ne sont pas seulement le moyen de diffusion des informations divulguées, mais souvent aussi leur source, par le biais de violations de données et d’opérations de piratage et de fuite, également connues sous le nom de « doxing ». Le « doxing » – l’acquisition et la publication des informations privées d’une autre personne – est l’une des plus anciennes pratiques du cyberespace.
LE « HACK AND LEAK » EST UNE MENACE POUR LA STRUCTURE DÉMOCRATIQUE
Les opérations de piratage et de fuite s’inscrivent dans une longue histoire de manipulation de l’information, en particulier lorsque les documents divulgués sont manipulés dans le cadre d’une campagne de désinformation. En fait, la diffusion de désinformation pour influencer le vote, le plus souvent en dénigrant un candidat, est une pratique traditionnelle. Renforcer cette stratégie en révélant des informations personnelles ou des données internes concernant un parti politique juste avant le scrutin, sans laisser le temps de vérifier les accusations, conduit souvent à instiller le doute et à inciter une partie de l’électorat à modifier son vote. Il s’agit, en effet, d’un moyen puissant et efficace de nuire aux adversaires, en particulier dans les démocraties où les décideurs politiques comptent sur le soutien populaire.
En bref, les « piratages et les fuites » sont un aspect permanent des armes politiques et peuvent – dans certains contextes – changer le cours des événements mondiaux, notamment les guerres, les élections et les rivalités géopolitiques.