Manipulation de l'opinion publique : Profilage et publicité comportementale

Manipulation de l’opinion publique : Profilage et publicité comportementale

La publicité comportementalepolitique ciblée peut créer des bulles de filtres politiques, des chambres d’écho, et est soupçonnée de fractionner le peuple ainsi que de favoriser la circulation de la désinformation. La majorité des publicités échangées en ligne sont commerciales, car la publicité ciblée est la principale source de revenus de l’économie de l’internet. cependant, que savons-nous de l’impact de cette publicité sur nos libertés et nos droits ?

Disons qu’un certain parti politique peut vouloir cibler les électeurs d’une catégorie spécifique de la population pour communiquer ses idées de campagne. Ces idées pourraient inclure des informations authentiques ou fausses. Or, atteindre les électeurs potentiels par le biais des seuls médias grand public n’est plus suffisant et ne donne pas les résultats escomptés, surtout si l’on considère la méfiance croissante d’un large public à l’égard du gouvernement et des médias grand public.

En tant que tel, afin d’adapter le récit, d’atteindre, d’engager, de changer le comportement et de mesurer les résultats, chaque entité politique doit intégrer les médias sociaux comme une composante indissociable de ses communications politiques.

Ils pourraient atteindre, par le biais de la publicité ciblée, les électeurs potentiels qui sont intéressés ou enclins à adhérer à leur discours particulier. Et si les données auxquelles le parti politique a accès sont suffisamment fines, il peut également cibler toute personne ayant un historique de navigation pour un récit similaire. En fait, l’émergence d’un public toujours connecté a donné aux spécialistes du marketing et aux politiciens une boîte à outils très complète pour modeler notre comportement et notre façon de penser.

COMMENT FONCTIONNE LE PROFILAGE ?

Comme nous l’avons expliqué précédemment dans ” Le modèle économique des Big Tech favorise la désinformation “, le modèle économique des plateformes Big Tech est largement financé par la publicité. Cela signifie que plutôt que de payer des services avec de l’argent, les entreprises Big Tech monétisent notre comportement, notre attention et nos données personnelles.

Afin de maximiser les revenus potentiels des géants de la tech, la publicité en ligne est de plus en plus individualisée et adaptée à des groupes ou des individus spécifiques. La plupart d’entre nous possèdent un smartphone. La plupart d’entre nous ont un smartphone sur eux à tout moment, ce qui a ouvert de nouvelles possibilités pour les spécialistes du marketing et les professionnels de la communication politique de capter notre attention et d’influencer notre comportement quotidien à tout moment…

En fait, on nous attribue secrètement plusieurs types d’identifiants uniques, ou numéros de série, auxquels est attachée une grande quantité d’informations différentes. Ces identifiants personnels sont également utilisés pour nous suivre à travers les services et les appareils, qui alimentent tous en données les profils compilés sur chaque individu.

Grâce à ces identifiants, chacun d’entre nous est catégorisé, acheté et vendu sur un marché massif opérant en grande partie en dehors de la sphère des consommateurs, dans une industrie connue sous le nom de marketing numérique et d’adtech. Nos personnalités, nos prédispositions et nos désirs secrets sont surveillés et collectés en permanence par un grand nombre d’entreprises plus ou moins obscures, dans le but de nous persuader d’acheter certains produits, d’agir d’une certaine manière ou de voter dans une certaine direction.

En combinant l’analyse des big data avec la psychologie comportementale, certains acteurs de ce système sont capables de prédire ce que les électeurs veulent avant que le désir ne se manifeste. Cette exploitation de la psychologie comportementale en combinaison avec des algorithmes prédictifs a donné naissance à ce que l’on peut définir globalement comme la persuasion par les données.

Ceci étant entendu, les sociétés de communication politique qui s’engagent dans la publicité comportementale partent du principe qu’en ciblant le public avec le bon message au bon moment, les chances d’adhésion augmentent.

La publicité comportementale est cependant controversée. Ses détracteurs affirment que cette pratique permet la discrimination, en n’offrant potentiellement des opportunités économiques qu’à certains groupes de personnes. Ils affirment également que le fait de diffuser des publicités basées sur les centres d’intérêt supposés des grandes entreprises technologiques peut rendre les gens vulnérables aux escroqueries, à la fraude et à la désinformation. De manière notoire, la société de conseil Cambridge Analytica a utilisé des données personnelles glanées dans des profils Facebook pour cibler certains Américains avec des messages pro-Trump et certains Britanniques avec des publicités pro-Brexit.

Pour résumer, le profilage et la publicité comportementale sont des outils puissants, mais ils se sont révélés être une lame à double tranchant. Ils peuvent être utilisés à la fois pour le bien et le mal de la population.

Lisez notre prochain article pour savoir comment protéger vos données en ligne et éviter les campagnes de désinformation ciblées.

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