L’astroturfing, content farming et l’effet effet dormeur sont quelques-unes des techniques utilisées pour diffuser de faux récits, manipuler l’opinion publique et semer la discorde. En comprenant les stratégies de ceux qui cherchent à tromper et à désinformer, nous pouvons mieux nous équiper pour naviguer dans le paysage complexe et souvent traître de l’internet.
DÉFINITION DE L’ASTROTURFING
L’astroturfing est un terme utilisé pour décrire la pratique consistant à créer une fausse perception de l’engagement ou des croyances des utilisateurs dans les espaces en ligne afin d’influencer l’opinion publique. Cette tactique de désinformation est souvent employée par des acteurs organisés qui peuvent utiliser des robots ou exploiter des algorithmes pour donner plus de poids à des opinions extrémistes. L’objectif est de gonfler artificiellement le nombre de likes, d’interactions ou la présence d’opinions marginales et extrémistes afin d’augmenter le trafic sur les sites de médias sociaux.
EXEMPLES
Un post Facebook mettant en avant une croyance extrême avec laquelle peu de gens sont d’accord en réalité peut avoir 10 000 likes et des centaines de commentaires. Dans ce cas, il est possible que l’engagement des utilisateurs sur ce message ne soit pas le fait d’utilisateurs humains, mais de robots ou de propagandistes organisés qui sont incités à mettre en avant ces croyances qui sèment la discorde dans les espaces d’information.
L’astroturfing en politique :
L’astroturfing est une pratique utilisée en politique pour donner l’impression d’un large soutien populaire à un candidat, à une politique ou à une cause, alors que ce soutien est faible. Il s’agit d’une tentative délibérée de tromper le public en lui faisant croire que son opinion ou sa position est partagée par la plupart des gens. Les campagnes d’astroturfing peuvent devenir un obstacle à la réflexion indépendante, car les gens ont tendance à adopter les opinions qu’ils croient être celles de la majorité, ce que l’on appelle “l’instinct grégaire“. Les campagnes d’astroturfing peuvent être orchestrées par des entreprises, des lobbyistes, des syndicats, des organisations à but non lucratif ou des organisations militantes. Elles peuvent également être menées par des individus ayant des objectifs personnels ou par des groupes très organisés.
L’astroturfing peut prendre différentes formes. L’une d’entre elles consiste à utiliser des groupes de façade, c’est-à-dire des organisations qui prétendent représenter des mouvements populaires mais qui sont en réalité financées par des groupes politiques, des entreprises, des associations syndicales ou des sociétés de relations publiques. Une autre forme est le “sockpuppeting“, qui consiste à créer de fausses identités en ligne pour manipuler l’opinion publique afin de soutenir ou de critiquer des candidats, des causes ou des organisations spécifiques. Les sockpuppeteers se font passer pour des tiers indépendants mais sont en réalité financés par une autre entité.
Les conséquences de l’astroturfing sont importantes. Il peut aliéner les utilisateurs humains réels qui ne sont pas d’accord avec le message et leur faire croire qu’ils sont minoritaires ou perdants sur une question donnée. L’astroturfing peut également se traduire par un volume important de messages qui sèment la discorde ou qui sont incendiaires, dans le but d’étouffer les débats honnêtes des utilisateurs humains réels.
L’astroturfing dans le marketing
En 2018, le procureur général de New York a découvert que de nombreuses entreprises en ligne utilisaient des tactiques d’astroturfing pour manipuler les avis des clients sur leurs sites web. Elles payaient pour obtenir de faux avis afin de faire paraître leurs produits plus populaires qu’ils ne l’étaient en réalité, trompant ainsi les clients et augmentant potentiellement leurs profits.
Le content Framing :
Le content Framing est une pratique trompeuse souvent associée à l’astroturfing pour manipuler l’information en ligne. Il s’agit de créer des articles, des posts ou des blogs de faible qualité, avec peu ou pas de contenu crédible, dans le seul but d’exploiter les médias sociaux ou les algorithmes des moteurs de recherche et de gagner du trafic sur Internet. Le volume de contenu de mauvaise qualité qui inonde l’espace en ligne peut rendre difficile la recherche d’informations précises et fiables par les utilisateurs. En outre, l’utilisation de certains mots-clés ou expressions peut conduire à un classement élevé de ces articles dans les résultats des moteurs de recherche, bien que l’auteur manque d’expertise ou de connaissances sur le sujet, ce qui favorise la diffusion d’informations erronées.
L’EFFET DORMINEUR :L’effet “dormeur” est un autre phénomène psychologique qui contribue à propulser la désinformation dans les espaces Internet. Il se produit lorsque nous nous souvenons d’un récit ou d’une histoire, mais pas de l’origine de l’information, et que nous sommes donc incapables d’évaluer la fiabilité de notre source. Ce phénomène peut contribuer à la désinformation dans les espaces Internet, car nous qualifions de faits les histoires et récits tape-à-l’œil qui sont restés dans notre mémoire et nous en faisons la promotion sur l’Internet.
- Un exemple de l’effet dormeur en action est la croyance répandue dans le mythe selon lequel les humains n’utilisent que 10 % de leur cerveau. Cette fausse affirmation a été répétée si souvent dans la culture populaire que de nombreuses personnes l’acceptent comme un fait, malgré l’absence de preuves à l’appui.
- L’effet dormeur se manifeste également dans la façon dont les fausses informations peuvent se répandre rapidement sur les plateformes de médias sociaux, même lorsqu’elles ont été démenties par des sources réputées. Une fois qu’une fausse affirmation a été diffusée suffisamment largement, elle peut s’ancrer dans l’esprit des gens et être difficile à déloger, même lorsqu’on lui présente des informations exactes.